II) Le
Moyen-âge marque un retour en arrière
Le moyen-âge est marqué par une régression
scientifique, dû en majeure partie à l'apparition du christianisme et a
Cosmas d'Alexandrie, qui basa sa cartographie non pas sur la science,
mais sur les textes de la Bible.
1) La religion influence
la cartographie
Les progrès réalisés au cours de l’Antiquité
disparaissent avec la naissance de la chrétienté, car celle-ci impose sa propre
vision du monde. Ainsi, la cartographie devient un mélange confus de
connaissances réelles et imaginaires. Bien qu’elle essaya de se greffer aux
conceptions de Ptolémée comme les océans et les continents, elle oublia un
grand nombre de détails comme les contours des côtes. Ainsi, la cartographie
perdu une de ses utilités principales : permettre aux voyageurs de se repérer.
Elle devint donc une simple illustration du monde.
De grands théologiens comme Saint-Augustin (354-430)
ou encore Jean Chrysostome (344,349-407) proclamèrent bien haut que la Terre
n’était pas plate, et par conséquent, ronde.
b) Un acteur principal du Moyen-âge : Cosmas
d'Alexandrie
Cosmas Indicopleustès (quelquefois dénommé Cosmas
d’Alexandrie) est un marchand voyageur et géographe grec originaire
d’Alexandrie. Cosmas est le précurseur de la cartographie médiévale. C’est un
des grands personnages du Moyen-âge qui rejetèrent la cartographie
scientifique, au profit de l’interprétation littérale de la Bible. Il rédigea
un ouvrage intitulé Topographie chrétienne, dans lequel il décrit
la Terre comme une surface plane reposant sur les eaux et enchâssée dans les
cieux à l'image du tabernacle de l’Ancien Testament.
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carte du monde selon Cosmas d’Alexandrie
2) En Orient
a) Les Arabes
Du VIIème au IXème siècle, les Arabes firent des
observations en effectuant de longs voyages, ils allèrent par exemple en Chine,
passèrent le cap de Bonne Espérance, etc. Ensuite, ils compilèrent leurs
observations avec les connaissances grecques. Cela leur permit d’accomplir leur
propre vision de la cartographie. La Géographie de Ptolémée servi surement de
modèle aux traités arabes, « Kitab Surat al-ard » (livre sur la description de
la Terre). Ces traités datent du IXème siècle. Ils ont servi de fondations à
toutes les études cartographiques des Arabes.
b) Al Idrisi
Al-Idrisi
est né en 1100 à Ceuta , un territoire espagnol sous domination
musulmane, et mort vers 1165. Il est probablement originaire d’une famille
arabe noble d’Espagne. Il était géographe et botaniste. L’inspiration
principale d’Al-Idrisi pour la cartographie lui est venue de deux géographes de
l’ère pré-islamique : Orose, voyageur islamique dont les écrits
parlent de cartographie et Ptolémée, le grand géographe grec. Il est aussi probablement influencé par Azarchel, un astronome hispano-musulman.
Lors de son arrivée à Palerme en 1139, il se lance dans la
constitution d’un planisphère et d’un livre appelé Le livre de Roger, un des
meilleurs ouvrages cartographiques de l’époque médiévale, durant le règne de
Roger II de Sicile.
Le Livre de Roger comprend une
description de la Sicile, de l'Italie, de sa patrie l'Espagne, de l'Europe du
Nord et de l'Afrique, ainsi que de Byzance : c'est une description résolument
universaliste qui comprend aussi bien la géographie physique que les activités
humaines. Sa connaissance du Niger, du Soudan et du Nil est remarquable pour
son époque. L'ouvrage a bénéficié de la situation particulière du royaume
normand de Sicile au XIIe siècle et du syncrétisme entre civilisations
byzantine, normande et arabe qui le caractérisait.
Al-Idrisi attribue à Roger II la méthode qu’il a
suivie. Dans un premier temps, Al-Idrisi interroge les livres de la géographie
arabe. Ensuite, il vérifie les informations auprès des savants et des voyageurs
expérimentés. Faisant preuve d’un esprit critique très appuyé, il questionne
les savants et les voyageurs en groupe, puis fait de même un par un. Il emploie
aussi des émissaires pour corroborer leurs dires et rejette les informations
contradictoires. Pour s’assurer que les données concordantes son vrai, il trace
une carte graduée, à l’aide d’un compas de fer, sur une table à dessin.
Après ces enquêtes, Al-Idrisi conçoit une grande carte
du monde orientée aux sud et divisée en latitude selon sept «climats», et en
longitude en dix sections. Les climats, zones thermiques parallèles à
l’équateur, sont d’une largeur inégale et l’atlas traduit une déformation : le
monde est très étendu, presque étalé en longitude, par rapport à son extension
en latitude. Par cette méthode héritée de Ptolémée (90-168), Al-Idrisi poursuit
l'œuvre de ses prédécesseurs en se plaçant dans une logique scientifique. Un
ensemble important de commentaires forme le texte de la Géographie.
Celui-ci suit le découpage cartographique en soixante-dix sections et commente
ce que la carte ne peut représenter : description de la nature, routes,
distances, architecture, commerce, merveilles, mœurs et coutumes...
L’information est colossale : plus de 5 000 noms de lieux, de fleuves et de
montagnes sont répertoriés. Cependant, l’ampleur même et l’encyclopédisme des
informations rassemblées conduisent à des erreurs de copie et des confusions,
voire des étrangetés.
Al-Idrisi hérite de la géographie arabe, et plus
particulièrement de la géographie "administrative". Ce courant
comprend des ouvrages sur la perception de l’impôt et les routes de
l’empire qui décrivent en détail les provinces, les villes et les
campagnes. L’esprit critique d’Al-Idrisi impose cela : tout ce qui
ne pourra être vérifié sera écarté. Réduit à peu de notations, le
légendaire est repoussé aux extrêmes limites du monde connu.
Les livres sont utilisés uniquement pour les
régions les plus lointaines. Ce sont des voyageurs qui rapportent
des informations sur les pays les plus proches. Al-Idrisi interroge
tous les marchands ou émissaires de passage à Palerme. Il remet à
ceux qui partent de la capitale une grille de renseignements précis
qu’ils devront compléter. C’est ainsi qu’il rassemble l’information
concernant l’Europe, encore inédite dans la géographie arabe.
Al-Idrisi accède aux archives diplomatiques du Palais où il puise
des informations sur les provinces françaises, allemandes, espagnoles
ou italiennes.
Conclusion:
Augustin ne nie pas formellement que la Terre soit ronde mais son doute touche à une difficulté quant à concilier l'unité de la race humaine ( enseignée par la Bible) avec la présence d'hommes peuplant des zones aussi éloignées.
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